La collection photographique comme pratique de présence
L
e vieux français nous dit que collectionner c’est réunir. Nous pourrions donc affirmer qu’une collection est une réunion d’objets, et qu’un collectionneur est celui qui regroupe ce qui était dispersé.
J’ai commencé des collections photographiques parce que je pouvais en faire un jeu, comme un grand casse-tête qui n’aurait pas de fin, une pratique où je serais à la fois le seul participant et le maître du jeu.
J'ai aussi vu dans la collection photographique un prétexte à cultiver un état de présence accrue, qui me ramène dans l’instant présent. C’est une façon pour moi, pour reprendre la définition du collectionneur, de rassembler ce qui est dispersé. Porter mon attention sur ce qui est, laisser advenir les choses plutôt que de les forcer, rester vigilant sans effort… la collection photographique est pour moi à la fois une méditation et un jeu, une errance enracinante.
Une collection de collections
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La première collection entreprise se nomme « quatre cent vingt 420 ». J’ai ensuite commencé une collection de sous-vêtements abandonnés trouvés dans la ville ou la campagne. Puis, des flèches qui n’indiquent pas ce qu’elles pointent ; des portraits nus dans les chambres où j’ai séjourné durant mon année sabbatique ; des paysages en mouvement. J’ai également une série de matelas jetés à la poubelle, d’urinoirs de différents pays, et des photos d’objets empilés. Entre autres. Ces collections seront présentées sur ce site au fil des prochains mois.
« L’errance m’a libéré d’un certain nombre de fardeaux
que je m’étais inventé. »
– Raymond Depardon
Règles du jeu:
Puisqu’il s’agit également d’un jeu, la collection photographique telle que je la pratique demande des règles :
- je dois être celui qui prend la photo.
- je ne peux pas créer ou provoquer moi-même une situation permettant une photo.
- je ne peux pas aller à la chasse, c’est-à-dire que c’est par hasard que je dois voir l’objet que je collectionne.